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Une décennie à vivre loin de sa maison

Je voulais que mon premier article sur mon site soit spécial et personnel. Me voici donc prête à ouvrir mon cœur à vous ! Voici donc Gran Canaria !

Je vais vous parler de mon île, Gran Canaria, et de tout ce qu’elle signifie pour moi. Comme vous le savez, je suis originaire des îles Canaries (Espagne). Je suis celle qui est partie en Erasmus étant à la fac, et qui n’est jamais revenue. J’avais toujours su que je partirais, c’est pour cela que j’avais fait des études de langues et traduction, car ma soif de voyages et d’aventures était trop grande pour rester dans une si petite île. Pour cela, j’ai quitté mon pays il y a 10 ans, et j’ai laissé derrière mes parents, mon petit frère, ma petite sœur d’amour, mes amis… Et je ne regrette pas mon choix.

Ma petite sœur devenue une femme

J’écris ceci maintenant car je suis à peine rentrée de ma visite annuelle à la maison, mais celle-ci a été spéciale. J’ai réalisé que cela fait déjà une décennie que je suis partie, un tiers de ma vie déjà. Ma petite sœur, qui est bien plus qu’une sœur pour moi, a 10 ans de moins que moi. Ceci dit, elle avait 10 ans quand je suis partie… et elle en a 20 maintenant. Elle a suivie un chemin très similaire au mien, elle est en fac de langues, et au même âge que moi elle s’apprête, à son tour, à partir en Erasmus (aussi) vers le Nord de l’Europe.

Quand elle était petite, on partageait notre chambre, on avait nos délires chaque soir, on parlait et on rigolait en permanence dans cette chambre… J’ai pu remarquer qu’elle n’est plus la mienne, du tout. Cette chambre est maintenant la sienne. Pendant des années elle est restée à peu près comme je l’avais laissé, mais plus maintenant. J’ai du comprendre et assumer que je dormais dans la chambre de ma sœur.

Retour à la fac de Las Palmas de Gran Canaria

En arrivant, elle m’a demandé si je voulais l’accompagner à la fac car elle avait un exposé à faire. Très contente, je suis venue avec elle. Et là, le coup de vieux était très grand ! De retour à ma première fac, où j’avais vécu tellement de choses. Puis ma sœur me conduit dans la salle de classe où j’avais assisté à tellement de cours… Je me suis assisse là où je m’asseyais il y a 10 ans, j’ai revu mes copains autour de moi dans mes souvenirs. Et quand j’ai vu son enseignante arriver j’ai rigolé bien fort… je l’avais eu aussi !

Cette explosion de sentiments, avec mes souvenirs qui se mélangeaient avec le présent de ma sœur, a été ensuite remplacé par une grande fierté. Quand j’ai vu ma petite sœur parler dans un anglais parfait devant toute sa promotion, avec autant d’assurance en elle, un discours tellement bien fait… J’avais devant moi une femme, avec des idées très claires et un avenir brillant. Mon petit bébé a bien grandi, et je suis tellement fière d’elle…

Les après-midis aux Canaries

Bien évidemment, j’ai aussi retrouvé le bonheur d’aller boire une bière bien fraîche avec mes amis au coucher de soleil de la plage de Las Canteras pendant qu’on se raconte tout ce qui s’est passé dans nos vies cette dernière année et qu’on se rattrape… Puis après des nouveaux délires s’ajoutent à notre liste des moments précieux vécus ensemble !

Mon héritage de Gran Canaria

Depuis un an, je m’intéresse un peu plus à mes origines. J’ai fait un test ADN qui a confirmé que je suis bel et bien descendante des aborigènes des Canaries et des colons espagnols d’Extremadura. Et pour compléter cela, je me suis intéressée à mon arbre généalogique. J’ai donc profité d’une visite chez ma grand-mère qui, avec grand plaisir, m’a sortie ses albums avec des vieilles photos, en plus des livrets de famille.

Ma grand-mère… la seule que j’ai connue, et celle qui m’a élevée. Celle avec qui j’ai toujours eu autant de complicité, et celle à qui tout le monde me dit que je ressemble comme deux goûtes d’eau ! Voir ses photos de mariage, ses photos quand elle avait mon âge, l’entendre parler de sa mère – à qui, selon elle, je lui fait penser tellement ! Je ne peux que remercier l’univers et tous mes ancêtres de l’héritage qu’ils m’ont laissé.

Ce jour là, ma grand-mère m’a dit “j’ai quelque chose pour toi…”. Elle m’a sorti un appareil photo argentique des années 60. “Ton grand-père, qui m’adorait autant, me l’avait offert quand on était jeunes, car j’adorais la photographie. Je veux que tu le gardes, maintenant.” Avec cela, une robe et un chapeau à elle, car “ça va être plus joli sur toi que sur moi”, et les émotions à fleur de peau !

Gran Canaria : Île volcanique, nature sauvage

Je ne peux pas rentrer à Grande Canarie et ne pas aller au sommets ! Les îles Canaries étant volcaniques, elles sont petites mais très élevées. Et j’ai toujours aimé les montagnes, les forêts, et prendre de la hauteur. Il est bien évident que c’est mon lieu préféré de l’île !

Avec mes parents, ma sœur et son chéri (car oui, elle a assez grandi…), nous avons improvisé un pique-nique canarien entourés de pins et avec une vue sur l’ile entière ! On est passés dans la petite épicerie du coin, on a pris du fromage, du vin, du rhum, des amandes… le tout très local ! Le monsieur nous a donné des verres et un couteau, et on s’est régalé, on a rigolé… on a passé une journée comme je les aime ! Et surtout, j’ai pu reconnecter avec la nature sauvage de cette île volcanique à laquelle j’appartiens…

Les couchers de soleil sur les côtes de Gran Canaria

A ce moment là, mon amie m’appelle pour me dire qu’elle est avec sa mère sur la côte près du phare, et nous propose de leur rejoindre pour regarder le coucher de soleil comme il faut ! Beaucoup trop tentant pour dire non, on a fait le tour de l’île et nous les avons rejoint ! Autant dire que les mots ne suffissent pas pour décrire les sentiments qu’on peut avoir quand on est réunie avec la famille et les amis, avec des bières et du fromage local assis sur la roche volcanique, devant l’Atlantique à regarder la journée s’étendre dans une lumière dorée… Les photos, par contre, peuvent aider à mieux comprendre !

Il se trouve que, malgré les 20 ans que j’ai vécu sur l’île où je suis née, à chaque fois que j’y retourne je découvre des nouveaux endroits où j’avais jamais été avant. Cette fois-ci, une ancienne copine de lycée, que je n’avais pas revu depuis notre BAC, m’avait contacté pour faire une séance photo avec son chéri et leur fils. Ils voulaient leur photos dans un endroit que je ne connaissais pas. C’était sur les criques, il y avait une vue panoramique sur la capitale, Las Palmas. Comment ça se fait, que j’avais jamais été ?! On a donc profité pour y aller en famille, bien évidemment !

C’était le lieu et le moment idéal pour offrir à ma sœur et à son chéri une séance photo, une fois que celle de mon ancienne camarade de lycée était finie… !

La vie d’une expatriée

Vivre loin de sa famille et de son île de Gran Canaria n’est pas facile tous les jours, et même 10 ans plus tard les larmes sont toujours au rendez-vous quand il est l’heure de s’embrasser une dernière fois avant de prendre l’avion (même en écrivant ceci, je vois moins net…). Mais avec le temps, on se crée aussi une famille et une maison ailleurs. Maintenant je pleure autant quand je pars en France que quand je pars aux Canaries. Dix ans plus tard, la Normandie est devenue ma nouvelle maison. Et quand je prends l’avion de retour et je vois Gran Canaria s’éloigner je sens toujours mon cœur arraché. Mais une fois descendue du train qui me ramène à Saint-Lô, mon mari m’attend à la gare avec notre chien et un bouquet de fleurs, et ensuite on rentre à la maison.

Finalement, s’expatrier ne signifie pas vivre loin de sa maison et se sa famille. S’expatrier signifie avoir deux maisons, deux familles, deux pays, deux cultures… Deux fois plus d’amour et de bonheur. Et cela fait de moi la personne que je suis aujourd’hui : tout ce que j’ai hérité de mes ancêtres, tout ce que ma famille m’apporte, tout ce que j’ai appris par les voyages et les personnes que j’ai rencontré, et tout ce que je crée dans ma vie, avec tout ce qui viendra.

-Eirin

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